La junte militaire du Burkina Faso a suspendu les émissions de Voice of America pendant trois mois en raison de sa couverture des attaques de militants dans le pays et au Mali voisin, a rapporté l’agence de presse de l’État, dans le cadre de la dernière mesure visant la liberté des médias dans le pays.
Liberté des médias restreinte
Le régulateur des médias du Burkina Faso a déclaré qu’une émission de VOA diffusée en septembre avait pour but de « saper le moral » des forces armées des deux pays, a rapporté l’Agence d’information du Burkina (AIB) lundi en fin de journée. Depuis qu’elle a pris le pouvoir en 2022, la junte de ce pays d’Afrique de l’Ouest en proie à des conflits a été accusée de s’en prendre aux journalistes et aux militants. Elle a suspendu plusieurs organisations médiatiques et enrôlé de nombreux critiques dans les forces armées.
- La VOA et la BBC ont été suspendues pendant deux semaines au début de l’année pour leur couverture d’un rapport de Human Rights Watch sur un massacre de civils par les forces armées du pays.
- L’autorité de régulation des médias a critiqué l’émission « Washington Forum » de la VOA pour son reportage sur une rare attaque contre un camp d’entraînement militaire et un aéroport dans la capitale du Mali, menée par le groupe militant JNIM, lié à Al-Qaïda.
Situation sécuritaire précaire
L’autorité de régulation a également critiqué la couverture par la chaîne d’une attaque survenue en août dans le centre du Burkina Faso, au cours de laquelle au moins 100 villageois et soldats ont été tués, selon l’AIB. Le Burkina Faso a été ravagé par des violences qui ont opposé des militants liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique aux forces soutenues par l’État, causant la mort de plus de 20 000 personnes. Plus de 2 millions de personnes ont été déplacées, dont plus de la moitié sont des enfants, d’après l’Armed Conflict Location and Event Data Project, un groupe à but non lucratif basé aux États-Unis.