Ismail Musa prenait le thé avec son frère Jamilu lorsqu’ils ont entendu les premiers coups de feu. Musa a couru se cacher sous une table mais a été touché par une balle tirée pour disperser des manifestants dans l’État de Kano, dans le nord du Nigeria. Le jeune homme de 23 ans a à peine parcouru la moitié du chemin jusqu’à l’hôpital. Tout ce qu’il a dit, c’est « mama », a déclaré la sœur de Musa, la voix faible à force de pleurer. M. Musa fait partie des 22 personnes tuées lors de manifestations contre la faim et la mauvaise gouvernance au Nigeria, selon le bureau d’Amnesty International au Nigeria.
Manifestations et répressions au Nigeria
Les forces de sécurité nigérianes ont déclaré avoir pris des mesures « appropriées » pour réprimer les violences lors des manifestations et n’ont admis avoir tué qu’un seul manifestant – un adolescent qui, selon l’armée nigériane, a été tué par un « tir de sommation ». Mais l’Associated Press s’est entretenue avec trois familles qui ont affirmé que leurs proches avaient été tués par des coups de feu tirés par les forces de sécurité, certains de leurs récits ayant été vérifiés par des témoins et des vidéos prises sur les lieux.
- **Amnesty International**: Selon Isa Sanusi, directeur d’Amnesty International pour le Nigeria, « il ne s’est rien passé durant cette manifestation qui justifie l’utilisation d’armes à feu réelles ».
- **Crise économique**: La crise du coût de la vie qui a alimenté les manifestations est la pire depuis une génération au Nigeria, avec un taux d’inflation à 34,19%, son plus haut niveau depuis 28 ans, et une population où au moins 63% est pauvre.
- **Répression sécuritaire**: Les forces de sécurité nigérianes sont accusées de faire un usage excessif de la force en réponse aux manifestations.
Violences et conséquences
Si la plupart des victimes ont été abattues dans les centres-villes où les rassemblements étaient concentrés, certaines se trouvaient dans des zones plus reculées où les difficultés contre lesquelles elles manifestaient sont plus prononcées.
- Le cas de Bashir Muhammed Lawan, tué lors d’une fusillade à Rijiyar Lemo, dans l’État de Kano.
- Abubakar Aminu, 14 ans, toujours avec une balle dans le dos depuis les manifestations.
- Abbas Kabiru, 36 ans, abattu près de chez lui par des soldats lors des manifestations dans l’État de Kaduna.
Les événements tragiques ayant conduit à la mort de plusieurs manifestants ont entraîné une vague de répression sécuritaire et mis en lumière les tensions profondes liées à la pauvreté, à la mauvaise gestion économique et à la répression politique au Nigeria.