La réélection du président tunisien Kaïs Saïed avec plus de 90% des voix a suscité des inquiétudes quant à la liberté d’expression dans le pays. Les médias rapportent une répression croissante, notamment avec l’emprisonnement de cinq journalistes pour avoir critiqué le régime.
Situation des journalistes en Tunisie
Cinq journalistes tunisiens sont actuellement en prison, une situation sans précédent depuis les années 50. Parmi eux, quatre chroniqueurs de l’émission phare « Emission impossible » sur la radio IFM, connue pour ses débats politiques sans filtre. Suite à leur arrestation en mai dernier, l’émission a été brutalement interrompue. L’un des chroniqueurs a été condamné à un an de prison pour diffusion de fausses informations. Les avocats se plaignent du manque de transparence autour des accusations portées contre les journalistes.
Impact du décret 54
Le décret 54, en vigueur depuis deux ans en Tunisie, prévoit des peines allant jusqu’à cinq ans de prison pour toute diffusion de fausses nouvelles. Cependant, ce décret ne définit pas clairement ce qui constitue une fausse information, laissant ainsi une grande marge d’interprétation. Les journalistes et les médias font face à des risques accrus de poursuites et d’incarcération, entraînant une forme d’autocensure pour éviter les sanctions.
- Les autorités judiciaires, l’État et les ministres ont le pouvoir de qualifier n’importe quelle information de fausse.
- Les journalistes risquent des poursuites pour des publications considérées comme des fake news.
- La liberté d’expression est mise à mal par des accusations potentiellement arbitraires.
Pressions sur la société civile
Outre les journalistes, les membres de la société civile en Tunisie subissent également des pressions croissantes. Les organisations non gouvernementales (ONG) telles qu’I-Watch, qui surveillent les actions des dirigeants politiques, sont également visées par le gouvernement pour leur prétendue réception de fonds étrangers, ce qui est formellement interdit.
Accusations d’ingérence étrangère
Les autorités tunisiennes utilisent la rhétorique de l’ingérence étrangère pour réprimer les voix critiques. Les ONG et les médias sont accusés de recevoir des financements de l’étranger, notamment d’Israël, un pays avec lequel la Tunisie n’entretient pas de relations diplomatiques officielles. Ces accusations sont un moyen d’intimider et de réduire au silence les voix dissidentes dans le pays.
- Les critiques du gouvernement risquent des poursuites pour des raisons politiques sous couvert de lutte contre l’ingérence étrangère.
- Les ONG et les médias indépendants sont ciblés pour leur supervision des autorités et leur exigence de transparence.
- L’autocensure et la peur des représailles limitent la liberté d’expression et la démocratie en Tunisie.