Le Ghana envisage de promulguer une loi anti-LGBT+ : enjeux et controverses
Un projet de loi controversé
Le 28 février 2024, le Parlement ghanéen a massivement adopté un projet de loi visant à criminaliser les activités de la communauté LGBT+. Les peines prévues vont jusqu’à trois ans d’emprisonnement pour des actes homosexuels et jusqu’à dix ans pour toute promotion de l’homosexualité. Il ne reste plus que la signature du président Nana Akufo-Addo pour que la loi entre en vigueur.
Un président sous pression
Nana Akufo-Addo se retrouve face à un dilemme délicat. Alors qu’il est en année d’élection et en bonne position pour être réélu, approuver cette loi pourrait lui assurer le soutien d’une large partie de la population. Cependant, la signature de ce texte risque de priver le pays de financements importants de la Banque mondiale, qui condamne les lois discriminatoires en appliquant des sanctions financières.
En outre, le député ghanéen Sam Georges, à l’origine de cette initiative, cite l’exemple de l’Ouganda où l’homosexualité est passible de la peine de mort depuis 2023. Malgré cela, l’Ouganda continue de recevoir l’aide du Fonds monétaire international, bien que la Banque mondiale ait confirmé qu’aucun prêt ne sera accordé à ce pays à l’avenir.
Controverses et fausses informations
Sam Georges a avancé des arguments controversés pour défendre son projet de loi anti-LGBT+. Il a notamment affirmé que les personnes homosexuelles sont plus enclines au suicide et a établi un lien erroné entre la criminalité en Afrique du Sud et l’acceptation de l’homosexualité. Ces déclarations s’appuient sur des approximations et des informations erronées, discréditant ainsi le débat.
Ces contrevérités, largement diffusées, contribuent à alimenter la rhétorique anti-LGBT+ dans de nombreux pays africains. Près de 66 pays dans le monde considèrent l’homosexualité comme illégale, la moitié d’entre eux étant situés en Afrique. Un documentaire du New York Times, « Le Gospel de l’intolérance », met en lumière l’influence de groupes évangéliques conservateurs américains qui ont dépensé des millions d’euros pour propagandiste contre l’homosexualité en Afrique, avec le Ghana comme l’une de leurs cibles principales.
Cette bataille culturelle soulève des questions cruciales sur les droits des minorités et la liberté individuelle en Afrique, ainsi que sur l’influence étrangère dans la législation des pays du continent.