En Gambie, la question de la légalisation de la mutilation génitale féminine refait surface, suscitant de vives réactions au sein de la société.
Des enjeux controversés
Un parlementaire indépendant, Almameh Gibba, a récemment proposé un projet de loi visant à lever l’interdiction de l’excision, une pratique qui avait été interdite en 2015 sous le régime de l’ancien président Yahya Jammeh. Cette proposition a été renvoyée à une seconde lecture prévue le 18 mars, alimentant un débat houleux au sein du pays majoritairement musulman.
Positions divergentes
Selon Almameh Gibba, l’excision ne trouve pas de justification dans l’Islam, tout en étant soutenu par des religieux influents qui exercent une pression en faveur de sa légalisation. De leur côté, les militants des droits des femmes s’opposent vigoureusement à toute tentative de levée de l’interdiction, considérant cela comme un recul majeur pour les droits des femmes en Gambie.
Le règne autoritaire de Yahya Jammeh, qui a pris fin en 2016, a marqué une période de restrictions sévères en matière de libertés individuelles, y compris dans le domaine de la santé et des droits des femmes.
Opposition et réactions
La directrice de l’Association des avocates de Gambie, Anna Njie, a fermement condamné toute tentative d’abroger l’interdiction de la mutilation génitale féminine, affirmant que cela constituerait un grave recul. Elle a souligné l’importance de défendre les droits fondamentaux des femmes, rappelant que des mesures juridiques pourraient être prises si ces droits venaient à être bafoués.
De son côté, le chef du parti majoritaire au Parlement, Billay Tunkara, a exprimé la complexité de la question, en mettant en avant l’aspect religieux, culturel, mais aussi les droits de l’homme et la santé publique. Sa position quant au soutien du projet de loi demeure en suspens, démontrant la sensibilité et les enjeux multiples liés à cette problématique.
Des chiffres alarmants
Les chiffres de l’ONU font état d’une réalité troublante, plus de trois-quarts des femmes gambiennes âgées de 15 à 49 ans ont été victimes de mutilations génitales, soulignant l’ampleur du phénomène et la nécessité urgente de combattre cette pratique préjudiciable à la santé des femmes.
La Gambie se retrouve ainsi à un carrefour crucial, où des décisions politiques pourraient avoir un impact majeur sur les droits des femmes et la santé publique dans le pays. L’issue de ce débat délicat revêt une importance capitale pour l’avenir de la société gambienne, et soulève des questions essentielles sur la protection des droits fondamentaux et la lutte contre les pratiques traditionnelles préjudiciables.